Cycles d’escalade des menaces que le réchauffement climatique fait peser sur l’Afrique

Les cycles de renforcement de l'activité humaine non soutenable et l'intensification des effets climatiques exacerbent les menaces auxquelles sont confrontés des centaines de millions d'Africains.


Cycles d'escalade des menaces que le réchauffement climatique fait peser sur l'Afrique
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La complexité et la multiplicité des facteurs indirects à l’origine du réchauffement climatique et de son impact sur les populations africaines peuvent faire obstacle à une action politique décisive. Bien comprendre ces liens est essentiel aux efforts d’atténuation, car les régions subtropicales d’Afrique devraient connaître des augmentations de température nettement supérieures à la moyenne mondiale. Même si le réchauffement de la planète est plafonné à 1,5 °C, par exemple, certaines parties de l’Afrique du Nord et de l’Afrique australe devraient connaître une hausse de 3 °C.

Alors que les pays industrialisés sont les principaux responsables du réchauffement de la planète, les facteurs d’origine humaine en Afrique, tels que les conflits, la déforestation et l’extraction non réglementée des ressources naturelles, ont encore réduit les capacités de résistance et aggravé les menaces pour les citoyens africains.

Puits de carbone en diminution

  • Le Bassin du Congo perd chaque année, selon les estimations, entre 500 000 et 1,2 million d’hectares de forêt tropicale humide, ce qui rétrécit le deuxième puit de carbone terrestre le plus important au monde – et un moyen vital d’atténuer les effets du réchauffement climatique.

Pénurie d’eau

  • L’Afrique est confrontée à un risque accru de sécheresses durant de 3 à 4 ans.
  • Les jours zéro – lorsque les réservoirs des municipalités sont à sec – sont de plus en plus probables dans les villes africaines. L’Afrique du Sud a déjà connu des menaces de Jour Zéro lors des sécheresses de 2015 (province du Gauteng) et de 2018 (Cap), qui ont touché respectivement 15 millions et 4,6 millions de personnes.
The Olifants River in South Africa during the 2015 drought

La rivière Olifants en Afrique du Sud pendant la sécheresse de 2015. (Photo: Abspires40)

Insécurité alimentaire

  • Le changement climatique a réduit la croissance de la productivité agricole en Afrique de 34 % depuis les années 1960, plus que dans toute autre région.
  • Avec un niveau de réchauffement planétaire (NRP) de 2°C, l’Afrique de l’Ouest devrait perdre 42 % de la productivité de ses pâturages et de son bétail d’ici le milieu du siècle.
  • Au NRP 3°C, certaines récoltes et certains secteurs de l’élevage risquent de s’effondrer dans certaines parties du continent.

Crises de santé publique

« Les facteurs d’origine humaine en Afrique, comme les conflits, la déforestation et l’extraction non réglementée des ressources naturelles, ont encore réduit les résiliences ».

  • Au NRP de 2,1℃, 35 villes africaines auront plus de 150 jours par an avec un indice de chaleur supérieur à 40, 6℃.
  • Dans certaines parties de l’Afrique australe et de l’Afrique du Nord, la mortalité liée à la chaleur va augmenter, en particulier parmi les populations pauvres et les habitats informels autour des villes, c’est-à-dire les endroits où les gens n’ont pas accès à l’eau courante ou à la climatisation. L’épuisement des réserves d’eau dans les villes densément peuplées devrait également entraîner une augmentation de la transmission des maladies.
  • La transmission et la portée des maladies vectorielle (telles que le paludisme, la fièvre jaune et la dengue), des parasites (tels que les criquets) et des maladies transmises par l’eau (telles que le choléra) devraient augmenter, exposant des dizaines de millions de personnes supplémentaires, principalement en Afrique orientale et australe.

Perte de la biodiversité

  • Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (IPCC) prévoit qu’au-delà de 1,5 °C, la moitié des espèces évaluées en Afrique perdront plus de 30 % de leur population ou de la superficie de leur habitat approprié.
  • Au NRP de 2℃, 12 % des espèces africaines évaluées sont menacées d’extinction au niveau mondial, ce qui place l’Afrique au deuxième rang, derrière l’Amérique du Sud, pour l’ampleur des pertes de biodiversité anticipées.
  • Avec un réchauffement de 2°C, 36 % des espèces de poissons d’eau douce du continent sont vulnérables à l’extinction locale.
  • Avec un NRP supérieur à 2℃, 20 % des mammifères d’Afrique du Nord pourraient perdre tous les climats appropriés.

Écosystèmes marins menacés

  • Avec un NRP de 2℃, le IPCC prévoit que plus de 90 % des récifs coralliens d’Afrique de l’Est seront détruits par le blanchiment.
  • Si la trajectoire actuelle se poursuit, les zones économiques exclusives maritimes d’Afrique de l’Ouest devraient perdre un grand nombre d’espèces marines et pourraient connaître un déclin soudain.
Dry farmland in Diouna, Mali

Terres agricoles sèches à Diouna, Mali. (Photo: CGIAR)

Perte de moyens de subsistance

  • Plus de la moitié de la main-d’œuvre subsaharienne est employée dans l’agriculture et 95 % des terres cultivées sont des cultures pluviales.
  • À une température de 36°C à l’ombre et avec un taux d’humidité relative de 50 %, une activité physique modérée pendant 4 heures serait dangereuse et pourrait s’avérer fatale.

Dommages aux infrastructures

« La diminution des précipitations, l’évaporation des lacs et la dégradation des terres ont porté atteinte aux sources traditionnelles de subsistance et contribué à l’effondrement des économies locales ».

Tensions sur la cohésion sociale

  • La diminution des précipitations, l’évaporation des lacs et la dégradation des sols ont porté atteinte aux sources traditionnelles de subsistance et contribué à l’effondrement des économies locales. La raréfaction des ressources a été exploitée par des groupes criminels et extrémistes violents qui ont tiré parti de l’accès à ces ressources pour réaliser des profits et favoriser la polarisation sociale.
  • Le lac Tchad, par exemple, a rétréci de 90 % depuis le début des années 1970. La mauvaise gouvernance et l’évaporation du lac ont entraîné une augmentation des tensions entre les communautés locales et ont permis aux groupes armés et aux criminels d’extorquer et de recruter plus facilement des civils vulnérables.

Migrants environnementaux

Lake Chad in 2015

Le lac Tchad en 2015. (Photo: GRID-Arendal)

  • D’ici le milieu du siècle, la Banque mondiale prévoit que 19 millions de personnes en Afrique du Nord et 86 millions en Afrique subsaharienne pourraient devenir des migrants internes en raison des chocs climatiques qui affectent leurs foyers et leurs moyens de subsistance – tempêtes dévastatrices, inondations, vagues de chaleur et sécheresses prolongées.
  • Si la trajectoire actuelle se poursuit, le niveau des mers devrait augmenter d’un mètre d’ici la fin du siècle. Des centaines de millions d’Africains vivant dans des zones côtières seraient ainsi exposés.
  • Les populations côtières de faible altitude de l’Afrique devraient croître plus rapidement que toute autre population d’ici le milieu du siècle. L’Égypte, le Mozambique et le Nigeria devraient être les plus touchés par l’élévation du niveau de la mer en termes de nombre de personnes exposées à des inondations chaque année.
  • Les parties fortement peuplées du delta du Nil, par exemple, risquent fort d’être submergées au cours des trois prochaines décennies. Si aucune mesure d’atténuation n’est prise, quelque 5 millions de personnes pourraient être contraintes de se déplacer vers l’intérieur des terres, au Caire, une ville d’environ 10 millions d’habitants qui est également vulnérable aux inondations.